« N’importe quel objet peut être un objet d’art pour peu qu’on l’entoure d’un cadre » a dit Boris Vian.
Mais est-ce qu’on ne peut afficher au mur ou poser sur un meuble que des objets d’art ? Ou tout simplement un objet qui nous parle, nous fait sourire, nous rappelle des souvenirs ? Voire même un objet qui est simplement choisi pour faire partie d’un tout, pour équilibrer un espace, pour servir de point de départ à une gamme de couleurs ?
Un affichage, c’est un mode de communication, une façon de passer un message. On peut imaginer toutes sortes de supports d’accrochage, en extérieur comme en intérieur, sur des surfaces verticales mais aussi horizontales.
–
Le plus fréquemment croisé, et qui n’a pas forcément vocation artistique, est le panneau de signalisation routière. Il peut cependant devenir prétexte, l’obligation qu’il a d’attirer l’attention, d’être rapidement compris, le contraint à la créativité et à une certaine esthétique.
Sur l’Île des Machines à Nantes, la présence du Grand Éléphant est signalé par des panneaux reprenant les codes de la sécurité routière. Mais le graphisme se veut ludique pour coller au plus près à la clientèle visée, les familles. Dans la réserve des indiens Navajo aux frontières du Parc Naturel du Grand Canyon, le but est purement informatif et préventif mais on sent l’influence cinématographique, la volonté de surjouer la situation. Dans la Vallée de la Mort, la petite annonce à la forme presque anodine s’adresse aussi aux touristes en veine de sensations fortes.
–
Le street art utilise tous les supports disponibles pour exprimer de façon artistique ses idées, mettre en avant sa liberté d’expression.
A Jersey, les murs du marché reprennent le thème des profondeurs de la mer dans une gamme de couleurs toniques et impressionnantes. La licorne de la rue du Château Ivan à Nantes est un repère urbain auquel les nantais sont attachés. Le regard troublant de David Bowie domine une des rues de la Croix Rousse à Lyon et lui confère une ambiance toute particulière.
–
Pour le plaisir, retour vers les rues de San Francisco.
L’identité de chaque quartier, pas toujours simple à cerner, est portée par son décor pour le grand bonheur des habitants et des touristes. Il fait référence aux communautés présentes, à l’histoire des lieux.
–
L’affichage peut aussi porter une information éphémère à vocation publicitaire.
Support, couleurs, jeux de mots, typographie, … apportent informations et envies. Un petit clin d’œil pour un concept store que nous avons croisé lors de notre préparation à la création de l’Arbre-Monde déco.
–
En intérieur comme en extérieur, les supports horizontaux peuvent aussi accueillir de très beaux objets décoratifs.
Les rosaces en stuc sont des grands classiques de l’ornementation des plafonds. On peut les choisir classiques, adaptées au style du lieu mais aussi modernes ou détournées, pourquoi pas peintes en noir. Dans le cas présent, elle sert principalement à masquer un trou au plafond et est en résine. Le clou fiché dans le sol des rues de Saint-Malo présente l’hermine, symbole de la région, et permet de guider les pas des visiteurs tout en apportant une note gracieuse aux lieux. Sur les hauteurs de Lyon, les marches martèlent des consignes ambiguës.
–
Mais comme promis, parlons un peu de la disposition d’œuvres sur un mur. La référence (à ne pas suivre) est bien sûr le musée et sa problématique initiale de présenter un maximum d’œuvres dans un minimum d’espace. La muséographie a beaucoup évolué et est aujourd’hui capable de faire des choix, de définir des priorités. Les expositions temporaires sortent plus facilement de la présentation conventionnelle.
Incontournable musée du Louvre qui génère pourtant toujours autant d’émotion lorsqu’on le visite. Mais probablement davantage par chacune de ses œuvres admirées individuellement que par l’organisation générale. Comment rester de marbre devant ces manifestations du génie humain, ces images que l’on connait depuis l’enfance, et qui sont là « pour de vrai » en face de nous ? Pourtant comment ne pas le rapprocher, dans son affichage, de ce saloon de conquérants de la Vallée de la Mort ? Bien sûr beaucoup de sympathie se dégage de ce joyeux capharnaüm, peut-être grâce à la présence de Buffalo Bill. Mais franchement comment vivre au quotidien dans tout ce bazar ? Plus surprenant, la magnifique maison Art Déco d’un architecte d’Épinal qui entasse sur les murs du pallier de ses chambres des œuvres auxquelles il tient probablement, et là n’est pas la question, mais d’une façon plus que négligée. Aucune logique et aucun soin dans l’accrochage, pas d’horizontalité, pas de composition.
Progressivement la sobriété s’installe et se met au service des œuvres mais aussi de l’ambiance générale.
Toujours ce fameux saloon au style assumé mais étouffant. Un restaurant du Val d’Oise qui tente une composition en s’appuyant sur le rythme des moulures mais ne semble pas suivre un fil conducteur. Et puis les œuvres d’art pour elles-mêmes, un même peintre, un même thème, le jazz, en accord avec le concert qui se déroule. L’accrochage est un peu rapide mais à vocation éphémère.
–
Une sorte d’équilibre s’installe.
Le premier affichage est une œuvre globale qui joue sur rythme, composition, répétition et variation. Il a été photographié au Concept Store Empreintes déjà présenté dans cet article. Rien à redire. Le deuxième est un jeu assez simple sur la symétrie autour d’un miroir ; les deux dessins se répondent mais plutôt en version jour/nuit. Ils sont l’œuvre d’un peintre aujourd’hui installé en Bretagne, Christophe Rouil, qui travaille entre autres sur la morphologie et la dynamique équines. Le troisième montre bien que l’alignement n’est pas une fatalité mais qu’un certain équilibre est recherché précisément dans la thématique, les encadrements, les formats et l’orientation des photos. Une composition de charme rencontrée dans la salle de sport d’un grand hôtel de San Francisco.
Un petit atelier de mise en application sera publié dans quelques jours sur ce blog. On tente l’aventure ?