Le contexte où aura lieu l’accrochage est très important.
Le premier des paramètres est probablement la lumière et sa façon d’arriver sur le tableau accroché, qu’elle soit naturelle ou artificielle.
Ces deux magnifiques dessins de Christophe Rouil reprennent la même thématique, les mêmes gammes de couleurs de trait mais sont sur des papiers de couleur différente. L’encadrement se doit de jouer avec ces paramètres. Les deux cadres sont donc choisis identiques mais les couleurs des fonds et des marie-louise (cadre intermédiaire) sont différentes. Pour l’accrochage de ces deux cadres, la symétrie a été choisie de part et d’autre du miroir. Seul souci, cet accrochage est perpendiculaire à la fenêtre ; la lumière est donc rasante. Le plexiglass choisi reflète la lumière de la fenêtre et empêche d’admirer les dessins. Après échanges avec le peintre, il est choisi de retirer le plexiglass et de fixer les dessins par du scotch double-face. Les deux dessins prennent du relief en étant placés en avant des fonds de cadre.
Il aurait aussi été possible d’utiliser du verre anti-reflet, plus lourd et plus cher.
–
Un autre paramètre est l’échelle du pan de mur sur lequel sera accroché le cadre.
Accrocher un tout petit cadre précieux comme ce scarabée sous verre sur un mur trop large ne le met pas en valeur. En revanche, il s’installe douillettement sur l’étroit pan de mur blanc entre les pierres rouges et la porte vitrée. A priori, cet endroit ne semblait pas destiné à recevoir un cadre mais le rapport d’échelle est finalement très cocooning. La grande toile imprimée présentant une photo d’arbre un peu abstraite s’avère être bien mieux installée sur le mur le plus large.
–
La hauteur d’accrochage dépend de l’échelle du cadre et de la hauteur sous plafond.
Les cadres de grande dimension peuvent être posés directement sur le sol pour une ambiance « loft ». Cela est autant valable pour les tableaux que pour les miroirs. Dans une pièce à la hauteur sous plafond un peu réduite, il faut tenir compte de l’espace libre entre le plafond et les meubles, ici les dossiers du canapé. Il est aussi important d’accrocher les tableaux à hauteur du regard afin de pouvoir en profiter confortablement.
–
Face à une série de cadres très homogènes, il faut penser l’accrochage comme d’un tout et non comme celle de cadres pris individuellement.
Ici l’alignement s’imposait puisqu’il n’y avait pas de marge de manœuvre en hauteur et que les trois cadres étaient tous en format paysage (horizontal). Pour accrocher les trois cadres à la même hauteur, il est plus simple que les systèmes de fixation soient situés à la même distance du bord supérieur du cadre. Cela permet d’utiliser un niveau pour tracer au crayon de papier les trois points d’accroche sur une ligne horizontale. Il faut ensuite calculer la marge entre les cadres ainsi que la marge avec les murs de gauche et de droite.
Ces consignes ne sont que des principes théoriques. Ici par exemple le rythme des poutres et la disposition des meubles ne donnent pas forcément envie de centrer l’ensemble sur le mur. Il est très important de faire confiance à son œil et d’être à l’écoute de ses sensations. Il est aussi très important de ne pas hésiter à démonter et à recommencer. Ces cadres sont fixés au mur à l’aide de crochets X qui ne font qu’un petit trou, très facile à masquer, dans le mur.
En revanche la régularité des vides entre les cadres a été respectée. Pour l’évaluer, on peut poser à plat sur une table ou verticalement contre le dossier du canapé les cadres et mesurer la distance entre leurs points d’accroche situés au centre de leur grand côté.
Une fois les cadres accrochés, il reste à vérifier à l’œil l’horizontalité et à la rectifier le cas échéant. Si le système d’accroche est un simple anneau, il est généralement fixé au centre de la largeur du cadre et le résultat est correct. On peut toujours pousser légèrement le cadre par un de ses coins inférieurs pour rectifier l’horizontalité. Le simple frottement contre le mur évitera qu’il ne revienne à sa position initiale. Dans le cas contraire, un morceau de scotch double-face collé à l’arrière du cadre pourra aider à davantage de stabilité.
On voit sur la photo que le résultat n’est pas parfait et qu’il faudra effectuer un réajustement.
–
Ce groupe de trois cadres pourrait avoir le défaut d’être un peu trop conventionnel. Un peu de dynamisme est apporté par la silhouette d’encolure de cheval en fil métallique qui leur répond sur le mur de droite. Plusieurs essais ont été nécessaires pour trouver la bonne inclinaison de la silhouette. Et puis, après réflexion, il a été décidé de la tourner pour qu’elle constitue une sorte de miroir par rapport au dessin le plus proche. C’est un choix, c’est donc subjectif. Et cela peut encore changer.
Les dessins dans les trois cadres sont des acryliques de Flo Le Cun réalisées il y a quelques années et présentées à Hermès comme cartons pour les fameux foulards en soie. Ils sont inspirés de fresques du Rajasthan.
–
Tous les objets ne sont pas a priori destinés à figurer dans un cadre… sauf si on le décide.
Cette petite souris en papier mâché accroché à un pilon à purée en bois a trouvé sa place dans un cadre sans fond ni vitre. Elle est simplement accrochée par une ficelle à un des crochets du cadre qui repose lui-même en équilibre sur un clou fiché dans le mur. L’objectif était de la mettre en valeur, d’attirer le regard vers elle.
L’objectif était aussi de réaliser le pendant du cadre de gauche et de reprendre des éléments de sa gamme de couleurs.
Il ne restait plus qu’à jouer avec le rebord de fenêtre pour réaliser la composition la plus séduisante possible. D’abord avec l’oiseau noir incontournable de Charles Eames, puis avec un plateau design aux allures années 50 et finalement avec une composition florale dans un vase jaune en forme de pot à lait. Les trois bougies coniques sont restées présentes dans tous les essais. Elles partiront avant l’été afin d’éviter de fondre derrière la fenêtre au Sud. La prédominance du rouge est faite pour dialoguer avec la façade de pierres. La vue de l’extérieur est donc aussi prise en considération.
–
Dernier exercice pour les forts en maths : soit un radiateur de 112 cm de large et un miroir de 116 cm de large décalé vers la gauche de 17 cm. Comment faire pour centrer le miroir au-dessus du radiateur ?
Le miroir est plus grand que le radiateur de 4 cm ; il devra donc dépasser de 2 cm de chaque côté. Pour le moment, il dépasse de 17 cm, c’est trop, il faudra donc le déplacer de 15 cm vers la droite. Simple, non ? Eh non, pas simple car une petite erreur de mesure est si vite arrivée. Et on recommence !
Cette fois-ci c’est bon. Victoire !
S’il y avait une morale à l’histoire, ce serait : n’hésite pas à essayer, à te tromper, à recommencer. Et fais-toi plaisir, fais des choix qui te sont propres, n’écoute pas toujours les conseils et les règles. Et pars du principe que ce n’est pas pour l’éternité, que tu inventeras une autre histoire un autre jour quand tes yeux seront lassés de celle-ci.
A vous de jouer !